L’intuition et la scolarité chez les HP

et chez d’autres certainement…

L’intuition pose question et problème, ne serait-ce que parce que le mot recouvre ce qu’on veut de sens et ne tient pas compte de ce que le cerveau perçoit et traite comme informations.

Beaucoup d’adultes HP concèdent qu’ils ont réussi des examens, des concours, des mémoires mais me précisent que c’est souvent par chance, par hasard. En plus du fait de ne pas se sentir légitime, on dirait qu’ils n’ont pas mérité de réussir. Bon.

Je creuse un peu et à chaque fois je remarque qu’il s’agit souvent d’une absence de travail conscient (du travail tel qu’on l’entend ordinairement : faire des devoirs, s’asseoir à une table et réviser des cours, s’exercer, s’auto-évaluer…). Cependant, lorsque les réussites sont au rendez-vous, on dirait qu’en plus de ce manque de travail « ordinaire », il y a des éléments qui ont construit en amont des compétences chez ces personnes : un savoir a été créé par toute une mise en réseau d’informations, de compréhension et a donné lieu à une intuition des réponses à apporter, des cases  à cocher, sans même que le cerveau ait totalement conscience de ce processus. Suivre les cours, y participer, mettre en réseau les informations avec ce qu’on connait déjà suffit souvent pour, dans certaines situations scolaires, s’en sortir de façon correcte – voire de façon excellente.

Cette intuition se trouve au croisement d’un réel travail et d’une compétence de stockage et de mise en réseau des informations – on peut croire alors qu’on ne fait pas d’effort, qu’on ne connait rien sur un sujet alors qu’en réalité les efforts ont eu lieu mais autrement qu’en trimant devant un bureau pendant des heures…

Trois effets majeurs découlent de cette situation :

  • ce sentiment d’imposture : je n’ai pas « travaillé » vraiment mais j’ai réussi, je ne le mérite donc pas
  • un sentiment de toute puissance qui pousse certains élèves HP à l’échec scolaire, car par méconnaissance de leur fonctionnement ils perdent les habitudes qui leur permettent de réussir de cette façon et, peu à peu, se mettent à échouer et à douter d’autant plus (lorsqu’ils suivent moins les cours, ou lorsque les contenus nécessitent plus de travail personnel, ou quand ils participent moins…)
  • une grande difficulté à se mettre à travailler de façon traditionnelle et une perte de repère forte si le simple fait d’assister aux cours ne suffit plus : aucune stratégie consciente n’avait été nécessaire pour réussir, et maintenant la spirale de la réussite semble cassée et se mettre au travail devient déprimant et effrayant (et souvent disqualifie même les anciennes compétences en les rendant, par perte d’estime de soi et doute, de moins en moins efficientes). Il est alors important de trouver des stratégies de travail individualisées car n’importe certaines stratégies sont réellement impossibles à adopter par certain.e.s HP.

Cette « intuition » est un cadeau, mais selon le fonctionnement de chacun.e, il est parfois nécessaire de la comprendre et de la différencier d’un hasard ou d’un super-pouvoir… un HP qui n’a pas entendu parler d’un domaine et qui ne s’est pas intéressé à d’autres domaines miroir qui lui permettrait d’assembler des informations pour comprendre le nouveau domaine ne peut pas inventer des intuitions efficaces… il n’a tout simplement pas le matériau pour accéder à une compréhension de cette nouveauté sans supports organisés dans sa mémoire.

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