Dyslexie et rythme de travail

Tous les « dys » ont en commun des difficulté de rapidité, ou de lenteur, selon comme on voit les choses. Et celles et ceux qui n’ont pas ces difficultés de façon évidente les ont peut-être, mais sans qu’on s’en aperçoive : travaux bâclés, croyance qu’elle.il.s ne sont pas compétent.e.s et abandon de la démarche de travail, refus de se confronter à certaines tâches qu’ils savant coûteuses. Elle.il.s font semblant d’être « à la même vitesse que les autres »…

Quelle est la vitesse moyenne de travail efficace d’un enfant / ado / adulte ?

Merveilleuse question… sans réponse autre que : ça dépend de la tâche à faire, des compétences en jeu, de la maitrise du sujet, de l’envie de réfléchir / réussir / terminer, les compétences de relecture, l’autonomisation d’une pédagogie de l’erreur efficace donc basée sur une relecture et un travail de brouillon… Donc, logiquement, personne ne devrait prendre le même temps pour faire un travail dès que plusieurs compétences entrent en jeu (mémoriser, transférer, rédiger, etc.).

Pourquoi y a-t-il le temps des élèves « dans la norme » et ma fille, mon fils dyslexique qui sont plus lents ?

En réalité, presque tous les élèves terminent un travail en même temps… et c’est uniquement par effet de groupe :

  • pour beaucoup d’élèves, réussir c’est terminer vite, donc tout le monde ou presque fonce
  • dans cette ambiance, sans le savoir, les enseignant.e.s ont du mal à faire attendre celles et ceux qui n’ont pas terminé aussi quand presque toute la classe a fini, donc elle.il.s ont tendance à faire presser consciemment ou inconsciemment les plus lent.e.s
  • plus le travail est complexe plus l’élève dys est stressé.e, donc moins performant.e et donc plus lent.e
  • dans le monde scolaire, beaucoup d’élèves s’intègrent avec une stratégie de survie par l’imitation sociale : il suffit que quelques enfants aient terminé un travail pour que le cerveau des autres bloque et d’arrête
  • les évaluations sont le plus souvent les mêmes pour tout le monde, donc consciemment ou pas tout le monde a tendance à considérer qu’il est normal qu’une grosse majorité des élèves puisse faire le travail dans le même temps
  • fin primaire début collège, les travaux et les évaluations sont de plus normées en terme de temps, et un temps précis est pris pour cela dans toutes les matières (ce qui se comprend en terme d’organisation) : cela formate encore plus les élèves qui font ce qu’on attend d’elles.eux implicitement : terminer dans les temps. On réalise en tant qu’enseignant que la majorité des plus grands (3ème, lycéen.ne.s) finit très vite les travaux (plus formatés, refus de se remettre en question, estime de soi fragile, dévalorisation de l’image de l’élève qui prend du temps pour réussir…)
  • qui veut rester en classe quand les copains / copines attendent dehors en récréation ?
  • quand on demande d’écrire un texte de 15 lignes minimum, 80% des textes dans une classe font juste 15 lignes… miracle synergique ou cerveau formaté à donner juste ce qu’il faut sans qu’aucune réflexion sur ce qu’est qu’écrire / répondre à une question ait été travaillé (proposer des limites supérieures est bien plus efficace, avec un travail sur les compétences et les attentes en jeu : étonnamment plus de textes dépassent alors les lignes a minima que l’on avait avant !).

Il faut du courage pour accepter la lenteur dans un monde de folie hystérique et rapidophile…

Les dyslexiques à qui l’on permet d’accepter leur rythme et leur lenteur se connaissent très bien, progressent de façon constante et efficace dans les apprentissages et les savoir-faire, mettent aux point des stratégies qui finiront par être payantes scolairement, la plupart du temps. (non je ne moraliserai pas avec la fable du lièvre et de la tortue). La lenteur efficace est un atout scolaire – se méfier de la lenteur fuite / évitement qui signifie autre chose et doit être accompagnée.

Tout élève lent à l’école progressera et ira un peu plus vite par la suite (inutile de se demander comment l’enfant va faire plus tard, on est maintenant). Les personnes qu’il faut aider, dans ce cas, ce sont les parents et les enseignant.e.s qui sont presque angoissé.e.s de la lenteur de certain.e.s élèves… en fait, même si cela prend du temps, s’il n’y a pas de souffrance et qu’il y a progrès, alors tout va bien : le tiers-temps en plus, ce n’est pas pour les élèves qui bâclent faute de stratégies et de méthodologie !

 

 

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