Le livre Qui commande ici ? de Marcel Rufo et Philippe Duverger porte comme soutien de titre « Conseils aux parents d’enfants tyrans »… (lien avec l’éditeur mort pour le moment).
Cela risque de bien effrayer les parents (mon enfant est un tyran et je suis son esclave, incapable de commander – j’imagine le pères de famille et leur ego en vrac rien qu’à l’évocation du titre, les mères qui essayent de planquer le livre pour éviter le divorce) et c’est dommage car les cas décrits et l’intelligence du discours peuvent faire entendre les souffrances de ces enfants et expliquer la situation également complexe des parents sans jamais culpabiliser personne.
Les HP / zèbres ont droit à un chapitre ce qui est remarquable (p. 211 à 238), car je croise des personnes HP (enfants, ados, adultes) dont le psychologue ne prends pas explicitement en compte le fonctionnement très particulier que l’on peut subir lorsque l’on est haut-potentiel émotionnel, haut-potentiel verbal ou souffrant d’une dyssynchronie (cf concept mis à jour par Jean-Charles Terrassier et dont les effets sur le terrain apparaissent de façon évidente) – quelques explications ici, j’y reviendrai dans un article suivant.
On retiendra que certains écarts entre la maturité d’un enfant HP et sa compréhension du monde peuvent provoquer de l’angoisse (conscience de la mort très tôt, de la justice et de l’injustice, des défaillances des adultes autour d’elle / de lui, fort ressenti empathique des émotions des autres et pas d’outils de gestion de ces émotions…). Cette angoisse ne devient pas nécessairement à un problème (être parent d’enfants zèbres n’est pas de tout repos, comme d’être parent de tout enfant ou ado, mais rien de dramatique non plus : si tout le monde est en mouvement tout le monde progresse… s’il y a des points fixes, des axes de blocages, alors c’est plus complexe).
Parfois l’angoisse du HP devient forte et peut déboucher sur un jeu bourreau / victime dans la famille ou dans la scolarité. L’enfant peut être tyran pour lui-même ou pour son entourage. Il répond parfois à une tyrannie de son entourage (cette tyrannie vient d’un sentiment de devoir parental ou d’une pathologie parentale, il ne s’agit pas de dire que c’est la faute de qui que ce soit – les auteurs sont clairs à ce sujet, c’est rassurant !).
Un pédopsychiatre éclairé est nécessaire pour l’enfant et la famille sur le long terme, pour qu’un travail de fond soit fait car la tyrannie dans le cercle familial n’est pas une cause de problème mais la conséquence de problèmes que les professionnels savent débusquer à force d’écoute, d’empathie, de patience et de foi dans l’humanité de chacun.e.
Un accompagnateur (je n’aime pas le mot coach, certainement parce que je n’ai pas encore pris le temps de le devenir officiellement, avec un diplôme reconnu) peut, dans le même temps, aider l’enfant et la famille avec des outils concrets pour rallier et tenir le coup dans la situation présente, à court terme, avec des retours et une écoute encourageants sans empiéter sur le terrain des professionnels de la santé (oui je fais la publicité de mon action d’accompagnateur : tant d’enfants / ados / familles sans apaisement à court terme, sans perspectives, sans objectifs concrets face à l’institution scolaire qui attend des actions et à l’ambiance familiale délétère qui rend la vie infernale).
ADAPSCOL 